Wednesday, September 23, 2009

544 - Twit Your Respects

Ce mois-ci y’a plein de gens qui sont morts. Enfin, des gens qu’on connait, genre Sim, Swayze ou Philip des 2Be3. Comme on dit dans le Roi Lyon, c’est le cycle de la vie. Au fur et à mesure qu’on continue à errer, pauvres organismes carbonés que nous sommes, les chances que des célébrités de notre époque passent l’arme à gauche augmente. C’est juste mathématique. Alors on en parle entre potes, en soirées. A tiens truc est mouru. Pas cool, cancer du colon de la prostate. Peut-être même qu’on osera une petite blague de mauvais goût post-mortem, pour oublier que crever, fondamentalement, c’est bien de la merde comme concept. Le problème, c’est que depuis quelques mois, tout le monde a un Facebook ou un Twitter. Et à chaque personnalité qui casse sa pipe, tout le monde se sent obligé de donner son avis sur la question, ou de faire la meilleure blague possible.

Pire qu’un virus Zombie cette névrose collective. Qu’on s’exprime face à la mort de Michael Jackson, individu au panthéon de la musique du siècle dernier, okay. Que chacun y aille de sa blague minable genre “condoléances aux 2be2″, “Partir un jour” je trouve ça méga glauque. La philo et les blagues de comptoir devraient rester au fond des pubs, pas vous sauter à la gueule sur l’Internet. J’ose même pas imaginer l’entourage des personnes concernées si elles jetaient un œil sur le débit de conneries débitées sur le fameux web social ces derniers temps. Comme s’il s’agissait d’une expérience mystique, la quasi-totalité de ma friend list sur Facebook et Twitter y va de son petit commentaire. Même ceux pour qui la mort d’untel ne procure aucune émotion tiennent à exprimer le fait qu’ils s’en foutent. On touche ici à un des maux qui me prend le plus la tronche au monde. Le fait que les gens, la masse, le troupeau, a besoin d’avoir un avis, peu importe lequel, sur la question. Et surtout, de le faire savoir.

Quand Maïa a balancé le premier extrait de son dernier roman sur le net, on a vu fleurir des pauvres types bien décidés à faire un commentaire composé en trois parties, une analyse de texte de trente lignes sur un simple bout de livre, mis là pour divertir. Je peux aussi repenser aux clients des agences de pub, terrifiés à l’idée d’admettre qu’ils ont besoin de quelqu’un pour penser leurs campagnes de communication qu’ils exigent des modifs absurdes, histoire de se prouver qu’ils ne sont pas inutiles, qu’ils existent et comptent. Tout ceci m’inspire un mépris accompagné d’une pointe dé dégoût au cas par cas. L’humilité passe peut être aussi par ça, admettre que parfois, on n’est pas en mesure de produire un avis suffisamment intelligent/original/pertinent et se la fermer. Bourdieu a dit pas mal de conneries, mais pas lorsqu’il a démontré que tous les avis ne se valent pas. C’est peut-être vieux jeu, à l’heure de Facebook et de Twitter, d’espérer des gens un peu de dignité, de se contenter de raconter leur vie au lieu de commenter la mort des autres.

Après je n’en veux pas aux fans ou aux personnes réellement touchées (s’il y’en a), de manifester une émotion. Parce qu’une émotion, c’est l’exact inverse d’un commentaire creux, c’est du sens. Ce qui me fait penser qu’il faudra que je développe dans une vraie note le sens que je donne à mon Twitter, qui serait peut-être un peu plus réfléchi que ce qu’on pourrait croire.

Une histoire pour un autre jour.

Demain, lingerie !

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